What are you looking for? [Verona]

Il ne devait pas être bien loin de minuit, s'il n'était pas déjà plus tard. En fait, elle ne connaissait pas l'heure exacte, mais le campement commençait à se vider, ou plutôt les renégats retournaient pour la plupart vers leur tente respective, délaissant les restes du feu de cette soirée ordinaire qui touchait à sa fin. La jeune fille observait les minuscules flammes qui peu à peu sous les yeux de la petite blonde s'éteignaient pour ne laisser paraître que des braises. Elle n'était pas toute seule, mais elle n'était pas accompagnée non plus. Un peu à l'écart, tortillant naïvement une mèche de cheveux blonds entre ses doigts minces et petits, semblables à ceux des enfants. Elle semblait pensive, mais en fait son esprit vagabondait ailleurs, comme à l'habitude, même si elle se refusait de penser à celui (ou plutôt à ceux) qui lui torturaient à l'habitude l'esprit. Les pieds enfouits dans le sable, enfoncés comme elle était enfoncée dans sa solitude, elle semblait attendre que quelque chose se produise. Mais ce n'était pourtant pas pourquoi elle s'était joint au groupe ce soir-là. En fait, elle avait simplement eu l'impression que si elle ne se montrait plus, les gens douteraient de son intérêt pour le clan. Alors elle était venue mais n'avait parlé à personne, répondait par «oui» ou par «non» ou tout simplement hochait la tête lorsqu'on s'adressait à elle. On avait fini par l'oublier et elle n'avait rien fait de la soirée, observant et écoutant même si certains termes ne lui étaient pas familiers. Il était tellement rare par contre qu'elle était là que certains la virent d'un mauvais oeil, comme si elle cherchait à jouer les espionnes, ce qui bien évidemment n'était pas le cas.

Il y eut une brise légère, mais assez froide qui la fit frissonner. Cette même brise sembla réveiller bon nombre de gens autour du feu qui eux aussi ne trouvèrent pas très chaude l'ambiance et préférèrent aller se coucher. Après tout, qu'y avait-il à faire près du feu? Les discussions devenaient lourdes à une telle heure et la fatigue gagnait tout le monde.Sauf elle qui restait là et qui tira sur les manches de sa veste bourgogne, frissonnant légèrement. Elle tenta de se réchauffer un peu et se cacha les mains à l'intérieur des manches de la veste, comme le font les enfants. Bien sûr elle dû lâcher la mèche de cheveux qu'elle tortillait depuis quelques minutes déjà mais au moins elle était au chaud. Chaud relatif, mais c'était déjà mieux que rien. Elle regarda autour d'elle, observant les gens qui restaient. Il ne restait personne, à première vue, mais elle voulait rester près des braises tout de même, les trouvant plus rassurantes que sa tente en ce moment-là. Tout allait relativement bien pour le moment, autour du feu. Personne ne l'avait réellement embêté, elle ne s'était pas encore ridiculisée, Sven n'était pas là, donc résultat tout allait bien. Ce fut seulement lorsqu'elle leva les yeux et qu'elle croisa le regard d'une autre femme qu'elle commença soudainement à avoir peur. Le sentiment d'être observée l'avait dérangée, et elle regarda ailleurs, intimidée, sentant qu'on s'était immiscée en quelque sorte dans sa bulle, et elle ne savait pas trop ce qu'on lui voulait. Elle s'imaginait probablement des choses pour rien, mais elle avait cette impression tout de même d'être observée par l'étrangère face à elle. Que doit-on faire dans des cas pareils? Elle sortit ses mains de ses manches et glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, appuyant sa main sur son menton et son coude sur sa cuisse, observant le sol et n'osant pas regarder plus haut de crainte de croiser encore le regard de la femme. Pourtant, elle osa une fois de plus lever les yeux à un moment. Elle était encore là, et Vanille stressa légèrement. Elle la regardait toujours. Qu'est-ce qu'elle devait faire, maintenant? Il fallait confronter. L'autre ne la regardait certainement pas pour rien. Sous l'impulsion, la petite blonde leva la tête et riva son regard bleu clair dans celui de la femme face à elle. D'une voix douce, quoi que visiblement gênée, elle prit la parole.

"Pourquoi est-ce que vous me regardez comme ça?"

Bien entendu la question était niaise, un peu stupide, ne convenait pas à un début de conversation avec une inconnue, mais elle ne savait pas quoi dire pour que l'autre arrête. Peut-être que celle-ci était dans la lune et que Vanille était victime d'hallucinations. Peut-être aussi que cette autre femme avait quelque chose contre elle, avait entendu des rumeurs ou quoi que ce soit dont elle n'était en fait pas au courant. C'était aussi peut-être cette fille qu'elle avait entrevu en sortant de la tente de Quentin. Elle n'en était pas certaine, mais il était très probable que celle-ci sache qu'elle avait été convoqué et voudrait savoir qu'est-ce qu'elle faisait ce jour-là dans la tente du grand Patron. Elle frissonna plus de peur que de froid, mais son regard était toujours posé sur l'inconnue, attendant une réponse. Satisfaisante ou non, elle avait l'habitude. Elle voulait simplement une réponse.

» Lorenzi Verona